Depuis 1835


Edouard Lemaitre Demeestere

Lemaitre Demeestere est une entreprise textile d’Halluin (Nord de la France). Elle fut fondée par Édouard Lemaitre-Demeestere en 1835 (Maire d’Halluin). A cette époque la construction d’usine est rare, l’entreprise ne comptabilise que quelques métiers à tisser dans de petites maisons prévues à cet effet. De nouvelles maisons sont construites dans les quartiers du Christ-Dal, des cités Saint-Pierre et Saint-Paul et de la Pannerie pour pallier au développement de l’entreprise. Ce développent rapide est majoritairement la conséquence de la création du chemin de fer. Ceci permet les échanges commerciaux et la machine à vapeur vient soulager le travail humain dans le fonctionnement des métiers. A partir de là on construit de grandes usines où l’on installe des métiers en fonte animés par des machines à vapeur puis électriques. Cette augmentation du nombre de métiers et de leur vitesse de fonctionnement permet de multiplier la production par 10.

Lemaitre-Demeestere achète les bâtiments d’un ancien moulin à huile et à grains situé dans la Rue du Moulin (actuel emplacement du Foyer-Logement du val de Lys, rue de la Libération à Halluin). Les métiers à tisser achetés viennent d’Angleterre et permettent de réaliser des matières très fines en lin. Cette production nécessite un personnel très qualifié : des femmes au bobinage et au canetage, des hommes comme ourdisseurs, emballeurs ou tisserands, des piquières et des ourleuses pour finir le travail à la main.
Les entreprises Lemaitre Demeestere gagnent de nombreuses récompenses lors d’expositions universelles ou internationales, ce qui est mentionné sur les en-têtes des anciennes factures. Lemaitre Demeestere est un leader incontesté de la profession à cette époque.

Les fils Paul et Joseph Lemaitre se joignent à leur père en 1910. Des maisons de vente sont crées à Lille et à Paris. Une activité de tissage d’ameublement s’ajoute à la production. Cela entraîne l’acquisition et l’agrandissement d’un tissage de jute au 216, Rue de la Lys (actuel siège de l’entreprise). Cette usine devient opérationnelle en 1912. Les salles sont tellement grandes qu’elles permettent de mettre une centaine de métiers à tisser sur le même niveau.

En 1910 la ville d’Halluin subit d’importantes grèves au cours desquels les portes de Lemaitre-Demeestere sont forcés.

M. Paul Lemaitre-Boutry (appelé « Monsieur Paul ») prend ensuite la direction de la société et gère les deux usines avec 3 directeurs.

Durant la guerre de 1914-1918, l’usine de la Rue du Moulin est réquisitionnée par les armées allemandes et transformées en Kommandantur et en prison pour civil. Celles de la Rue de la Lys est pillée. Après la signature de l’armistice, la remise en état nécessite de longs mois. La première usine à redémarrer la production est celle de la rue de la Lys, à la fin de l’année 1919.

Cependant la reprise n’est pas facile : les clients de la France libre achètent plutôt à la concurrence étrangère. Lemaitre-Demeestere utilise alors le coton peigné et cardé dans la fabrication du linge de maison et c’est un succès. La baisse des prix, tout en maintenant la qualité et l’augmentation de la production (grâce aux métiers à tisser Anglais Atterton) leur permet de reprendre une place prépondérante dans le domaine.

En 1926 apparaît une crise économique avec des périodes de chômage partiel et total.

En 1929 d’autres grèves éclatent et durent 7 mois. L’usine de la Rue du Moulin fonctionne avec des ouvriers flamands qui logent et mangent dans l’usine pendant la durée de la grève. A la fin du conflit, la reprise est difficile à cause de la crise mondiale.

Pour le centenaire de l’entreprise, les premiers métiers à tisser automatiques apparaissent et le tisserand doit alors surveiller 16 métiers.

Des exportations importantes de linge se font vers l’Argentine et les États Unis. Le travail en équipe des deux huit est décidé et accepté par le personnel. On entre dans un cycle stable où les parents prennent les enfants en apprentissage et où on continue la tradition familiale.

Dès 1936 les usines textiles travaillent pour l’intendance militaire et confectionnent des uniformes. La concentration du matériel se fait rue de la Lys.

Durant l’occupation de la Seconde Guerre Mondiale, l’usine de le Rue de la Lys continue de travailler en partie pour la France et en partie pour l’armée allemande, mais l’approvisionnement en matières premières est instable. Cette situation dure jusqu’en 1946.

La période de l’après guerre se caractérise par une reprise importante de l’activité et de l’exportation. En 1951 des difficultés entraînent la vente de l’usine de la Rue du Moulin aux entreprises Rover qui y fabriqueront des machines à laver.

M. Segard entre dans le capital,la reprise total de l’usine par les entreprises Segard est effective en 1953. De nouvelles activités fleurissent : linge de table imprimé, tissu d’ameublement fantaisie, tissu mural en métis de lin… Certains produits floqués (notamment la « Peau d’Halluin ») font la réputation mondiale de l’entreprise avec des exportations vers les USA, le Japon, Hong-Kong et l’Europe.

Donc en 1953, Lemaitre Demeestere devient la propriété de la famille Segard et concentre son offre sur les marchés de l’uniforme, de l’habillement et du coutils matelas.

En 1993, Xavier Segard prend la succession de son père dans un contexte économique difficile.Il repositionne complètement l’entreprise pour en faire l’un des spécialistes européens de tissus en fibres naturelles destinés à l’ameublement et à la décoration.

Depuis septembre 2008, Olivier Ducatillon dirige l’entreprise et a pour objectif d’exporter son savoir-faire en Europe et aux Etats-unis.

Lemaitre Demeestere est aujourd’hui l’une des plus anciennes entreprises textiles de France. Elle est devenue une référence dans l’industrie des tissus d’ameublement en associant savoir-faire, réactivité et compétitivité.